lundi 12 mai 2014

La Peur de l'Abandon


Je ne sais pas d'où ça vient. Je ne saurais pas l'expliquer. Comme un venin, une pieuvre nichée en moi qui déploie ses tentacules partout à l'intérieur, sans prévenir, sans que je puisse m'expliquer pourquoi maintenant, pourquoi comme ça, pourquoi tout court. Elle peut débarquer n'importe quand. Une journée normale, une humeur normale, aucun élément déclencheur, et là d'un coup... Paf ! Je sens mon estomac se contracter, une boule se former dans ma gorge, ma respiration se coupe, je me force à ne pas paniquer : "Calme-toi, ne panique pas, respire...". J'ai presque l'impression de me retrouver dans Frozen d'un coup (hum, peut-être est-ce pour cela que cette chanson me touche et me parle tant, allez savoir...) : Don't feel it, Conceal it, Don't let it show. C'est exactement ça. Mon mantra. Et je suis pourtant incapable d'avoir le moindre contrôle dessus...

Enfin je veux dire, je sais bien que tout ça n'a aucun fondement logique. Comment je peux encore croire que des gens qui me répètent tous les jours qu'ils m'aiment et qu'ils sont là pour moi vont m'abandonner ? "Combien t'ont déjà fait ces promesses sans les tenir ?", me susurre insidieusement la pieuvre... Et je lui rétorque qu'il faut bien que je continue à y croire ! C'étaient d'autres gens, d'autres époques, d'autres circonstances, tout a changé, je ne peux pas éternellement refuser de m'attacher à cause de mauvaises expériences passées... Non, c'est certain, une partie de moi - celle qui heureusement domine la plupart du temps - le sait et se concentre là-dessus. Mais une autre partie persiste, une partie nichée dans l'ombre qui m'attaque quand je m'y attends le moins. Qui fait tout basculer, qui détruit ma confiance et qui laisse le doute s'insérer dans mes certitudes.

A force j'ai pris l'habitude de lutter. Je me laisse moins faire, je garde mon sang froid et je relativise : je m'appuie sur mes acquis, "Regarde ce qu'il t'a dit hier, comment tu peux douter après ça bécasse ?" et je refuse d'écouter les stupidités qui me passent par la tête ou de me laisser aller à paniquer dès que deux heures s'écoulent sans nouvelles. "Mais non il n'a pas disparu, on se calme ma vieille". Je sais bien que c'est ridicule. Irraisonné. Injustifié. Inexplicable et jusqu'ici inexpliqué. Je ne saurais pas dire d'où vient cette peur insensée d'être constamment abandonnée mais je sais que je ne dois jamais arrêter de lutter, au risque de m'autosaboter, de détruire ce qu'il y a de plus cher et de plus beau dans ma vie, ce que je refuse catégoriquement. J'ai gagné le droit d'être heureuse. J'ai gagné le droit d'y croire sans craindre d'avoir tort. Reste plus qu'à m'en persuader et ne plus me laisser paralyser par la peur. Parfois ça me dévore littéralement, j'en ai mal, comme si une main me compressait le coeur, l'estomac, m'écrasait les poumons : je suis figée, paralysée, incapable de parler, de bouger ou même de respirer. Et je suis consciente que c'est flippant, de l'extérieur (de l'intérieur aussi je vous rassure), et que je peux pas me laisser détruire par la peur... J'y travaille, mais tout n'est pas parfait. Parfois ça me reprend, la pieuvre ressort et envenime tout, s'installe partout, et ça me demande beaucoup d'efforts de la repousser. Mais j'y arrive. Je finis toujours par y arriver...
Don't feel it.
Conceal it.
Don't let it show.





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