mercredi 6 novembre 2013

Expectations vs Reality



Ce weekend de la Toussaint, je l’ai passé à Strasbourg. Tout le monde s’en allait, chez ses parents, chez ses grand-parents ou encore à Londres pour les plus chanceuses, et je ne me sentais pas de rester seule à Paris pendant trois jours. Trois jours de congés, c’est bien, mais je me sentais encore trop fragile pour risquer le coup : dépérir sur mon canapé devant des films tristes durant 72h, non merci. J’ai donc joué la sécurité, et je suis allée me réfugier au bercail. Parfois il faut savoir accepter quand on a besoin d’aide, et je fais de gros progrès dans l’acceptation ces derniers temps – je n’en suis pas peu fière, je l’avoue, dure tâche que de mettre son ego en sourdine et accepter les mains tendues…

J’étais bien sûr contente de rentrer et de pouvoir souffler : pas de cuisine, pas de ménage, pas de linge, pas de prise de tête. A la place : shopping, Spa à Baden-Baden, ateliers cookening et petits-déjeuners gargantuesques où on refait le monde pendant des heures, attablées en pyjama au bar de la cuisine.

Mais dans le train jeudi, à 9h du mat’, j’avais un petit pincement au cœur qui, malgré mon entêtement à l’ignorer farouchement, refusait de s’en aller. J’avais pris grand soin de rester occupée le plus possible les jours précédant ce jeudi 31, pour m’assurer de ne pas avoir le temps de penser. Et entre la PGW et la soirée Halloween, j’ai plutôt bien réussi mon pari : pas une seule seconde pour réfléchir et se prendre la tête, et ça m’a fait un bien fou. Première étape en descendant du train : le CG, pour récupérer des documents réalisés tout l’été pendant mon stage (raison officielle) et revoir d’anciens collègues, plus particulièrement mon idole de l’été et génial maître de stage qui me manque tous les matins quand j’arrive au bureau (raison officieuse).

Je me suis conditionnée pendant des jours au cas où je la croiserais. « Je m’en fous, j’ai tourné la page, je ne réagirai pas autrement qu’avec un aimable sourire, deux-trois blagues peut-être pour ne pas changer les bonnes habitudes et des platitudes sur la météo avant de dire au revoir ». C’était le plan. Il a très vite été modifié puisqu’en fait mon amie E. était seule dans le bureau, nous avons donc passé la fin de la matinée à rattraper le temps perdu et à se raconter nos vies, la famille, les amis, Immotep… D’un côté, j’étais soulagée : personne n’aime se confronter à ses angoisses quand on peut tranquillement les éviter (et entre vous et moi j’ai quand même passé cinq bonnes minutes dans le hall à tourner en rond et à chercher en moi le courage de pousser la porte avec l’assurance qui était prévue dans le plan). D’un autre côté, ça m’a sacrément mise hors de moi. C’était le moment. LE MOMENT. La deadline que je m’étais fixée depuis des semaines : ou on se revoit et il se passe quelque chose, au moins une explication à défaut d’autre chose ; ou alors je me rends compte qu’il y avait une plus grande part de fantasme que de réalité dans l’image que je gardais d’elle et j’allais enfin pouvoir tourner la page. Enfin, commencer du moins.

Mais non. Le moment n’est pas arrivé. Elle n’était pas là. Elle avait pris congés. Je n’ai même pas réussi à décider s’il serait pire qu’elle ait pris congés exprès pour m’éviter, ou qu’elle ait prévu de ne pas être là depuis des plombes et que le fait que je vienne ne change rien. Dans tous les cas, je n’ai pas eu d’autre choix que d’affronter la réalité. Et qui ne déteste pas affronter la réalité ? D'autant plus quand la réalité vous oblige à lâcher prise, à abandonner, ce mot terrible que vous évitez à tout prix. Abandonner ? Moi ? Comment ça ?! Jamais !

Eh ben si. Vient un moment où il faut abandonner, qu’on le veuille ou non. Et j’ai été surprise de me rendre compte qu’en fait j’avais déjà commencé à lâcher prise, sans m’en apercevoir. A répondre à toutes mes interrogations par « et alors ? ». Elle ne veut pas de moi : Et alors ? On n’aura sans doute plus jamais de fou rire ou de conversation interminable sur des questions  philosophiques au milieu de la nuit : Et alors ? On ne se recommandera plus jamais de films ou de bouquins qu’on a adorés : Et alors ? La liste des « plus jamais » peut s’étirer à l’infini, s’ajoutant à la pile de plus en plus haute des regrets qui m’accompagneront désormais. C’est dommage. C’est triste. Ça fait mal. Mais on n’y peut rien, et je me suis rendu compte avec surprise que oui, c’est vrai, la vie continue. Les journées passent sans doute un peu moins vite, les nuits sont sans doute un peu plus froides, le soleil brille sans doute un peu moins… Mais les beaux jours finiront bien par revenir, tôt ou tard.

Bref, j’étais à Strasbourg ce week-end.
Et le week-end prochain je vais à Grenoble voir S. <3
Keep on walking.



Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Anything to say ?