dimanche 22 septembre 2013

Be strong and shut up.


Je savais que la semaine allait être dure, bien sûr. Commencer un nouveau boulot, par trois jours de formation qui plus est, ce n'est jamais simple. Rencontrer de nouveaux collègues, se demander si on est à la hauteur, tout ça... Tout ça ce n'est pas facile.
En revanche je ne me doutais pas qu'émotionnellement, j'aurais autant de mal à faire face. J'ai beaucoup hésité à écrire cette semaine, en sachant que j'en avais cruellement besoin tout en me demandant quoi écrire. Parce que tout ce que j'ai envie de faire c'est crier. D'accord, je sais bien que je ne suis pas la patience incarnée comme fille, c'est de notoriété publique, que j'ai vraiment trop la tchatche, que je parle trop pour ne rien dire, que je m'épanche beaucoup trop aussi, mais comme chacun sait il n'y a rien de pire pour torturer une bavarde que l'obliger au silence. Un silence si énorme, si oppressant, que je n'en trouve plus le sommeil ni l'appétit, si brusque qu'il m'a giflée comme jamais avant, si inexplicable que ma tête a dû facilement prendre 10 cm de circonférence à force d'y presser des questions, encore plus de questions, encore plus d'incompréhensions.

Je crois que c'est un peu l'histoire de ma vie. A chaque fois que je crois avoir eu un coup de bol pour quelque chose, il s'avère qu'en fait ce n'est qu'un mécanisme inventé par le destin pour me torturer encore. Pour une fois je m'étais dit "incroyable, une rencontre normale, simple, sans prise de tête, où on suit juste ses envies, sans se poser de questions, sans réfléchir, où tout est calme, frais, enfin un truc qui fait du bien !". J'y croyais même pas d'ailleurs, ça m'arrive jamais ce genre de trucs, dans ma vie tout est toujours compliqué, prise de tête, tout fait toujours souffrir alors pensez-vous, une vraie bouffée d'oxygène cette histoire.

... Eh ben non. Evidemment, ç'aurait été trop simple. Il a fallu que tout devienne compliqué. Il a fallu qu'un petit détail vienne tout gâcher - sans que je sache ce que c'est en plus, la blague. C'est là qu'on se rend compte que cette histoire de battement d'aile de papillon à l'autre bout du monde est tragiquement vraie : tout est fragile comme un château de cartes, il suffit d'un souffle de vent pour que tout s'écroule. L'oxygène laisse place à l'étouffement. Le bien-être à l'incertitude et aux doutes constants. La complicité à la distance, si froide, si implacable. Et ce dialogue si enrichissant a été balayé par un silence que je ne parviens pas à m'expliquer.

Je ne peux rien faire d'autre qu'attendre, attendre de savoir ce qu'il se passe, attendre de savoir ce qui va se passer. Attendre de savoir si quelque chose pourra renaître des cendres de cette semaine incroyable, si quelque chose va se passer ou si les maigres espoirs qu'il me reste seront balayés. Si seulement je pouvais parler, si seulement un minimum de dialogue pouvait être rétabli, peut-être que les choses parviendraient à s'arranger. Peut-être que je serais au moins fixée : est-ce que je compte seulement ? Est-ce que tout ça n'existe que dans ma tête ? Est-ce que je suis la seule à y penser, la seule à espérer ? Est-ce que je devrais déjà tourner la page ? Est-ce qu'elle est déjà tournée, sans que je m'en sois aperçue ? Est-ce que ma présence change quelque chose à sa vie ? Est-ce qu'elle aussi se sent amputée depuis ces quatre jours auxquels je ne m'attendais pas mais qu'au fond je pressentais peut-être, sans vouloir me l'avouer...

Pourquoi les choses ne peuvent-elles jamais rester simples ? Pourquoi ne peut-on jamais simplement profiter des petits bonheurs qui se présentent, tant qu'ils sont là ? Je suis une grande spécialiste de la peur, mais pourtant, je ne pourrais jamais la laisser me paralyser au point de ne pas oser vivre, au point de passer à côté de quelque chose qui pourrait me rendre heureuse... A quoi bon vivre dans ce cas ? D'un autre côté, si je n'avais pas croqué dans ces 48h de pur bonheur, je n'en serais pas là où j'en suis maintenant...
L'attente me tue, l'incertitude me tue. Ce silence, cette absence... Comment s'y faire quand je sais qu'il y a quatre jours encore je sais nous étions deux à nous attendre... Et cet espoir, cet espoir atroce qui m'interdit de lâcher prise. Je n'arrive pas à me dire "Rien ne va plus changer. Accepte la situation, accepte que tes espoirs n'existent que dans ta tête. Accepte que personne ne t'attendra sur un quai de gare dans cinq jours. Accepte que la vie n'est pas un film, que personne ne te courra dans les bras en te disant qu'il n'y aura plus d'obstacle au bonheur maintenant. Que tout est fini et que maintenant tout sera à nouveau simple, calme, qu'il n'y aura plus de doutes et de questions. Accepte l'échec. Accepte qu'il te faut tourner la page, prépare-toi à arracher le pansement d'un coup. Parce qu'honnêtement, tu le sais bien, au fond : combien de chances y a-t-il pour que tout s'arrange ?..."

Je voudrais juste arrêter de penser, et m'en foutre. Arrêter d'attendre un revirement, arrêter d'écouter cette chanson, arrêter de lire ces mots en me disant "Impossible. C'est impossible d'écrire ça un jour et de penser le contraire le lendemain, c'est tellement pas elle. Pire, c'est TROP PAS elle", arrêter de penser à nos fous rires, aux coups de téléphone nocturnes, aux e-mails, aux "certes" et à tous ces petits trucs qui font qu'on se rapproche d'une personne. Et en vérité je n'espère même pas plus. Je ne veux rien de plus que continuer ce qu'on avait déjà, enlever le signet de la page et continuer à lire, voir ce que peut donner la suite du roman...

Mais tout ça restera dans ma tête. Rien ne sortira. Parce qu'il faut rester forte. Relever la tête. Accepter la fatalité, aussi dur que ce soit quand on est d'un naturel combatif. Accepter de ne pas lutter jusqu'à finir à terre. Accepter de ne pas avoir le contrôle. Garder la maîtrise de ses émotions. Accepter qu'une fois encore, tout n'était qu'illusions à l'évidence... Et surtout : accepter de la fermer. Et honnêtement, je crois que c'est encore le plus dur de la liste.



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