lundi 13 janvier 2014

The Girl Running


Ce week-end je suis retournée à Strasbourg, je n'en étais revenue que dimanche dernier mais fête de famille oblige, j'ai refait le voyage. Repris ce même train, refait ce même trajet, que je connais par coeur, que je pourrais faire les yeux fermés. Combien de fois l'ai-je fait ces dernières années ? Ou même ces derniers mois ? Quatre mois déjà, jour pour jour, que je suis retournée à Paris après mon été en Alsace. Et je ne saurais dire où est passé le temps. Ces quatre mois m'ont parus être des semaines, même si au final, beaucoup de choses se sont passées. Beaucoup de choses que je ne prévoyais pas, comme quoi on ne peut jamais prévoir l'avenir et l'imprévu peut débarquer à tout moment, sans prévenir...

Ma mère m'a dit que j'étais "mélancolique". Comme si c'était une maladie. C'est vrai, ça l'est peut-être, et hier dans le dernier train je réfléchissais à un peu tout, à un peu rien, comme je le fais à chaque fois que je prends le train. Je regarde par la fenêtre, même si elle ne me renvoie que mon reflet, j'écoute de la musique, Passenger en boucle cette fois parce que cette voix m'apaise plus que les autres et j'en ai besoin ces derniers temps, d'apaisement, pour ne pas céder à la légère hystérie qui me prend parfois. Je ne cesse de découvrir de nouvelles chansons sublimes qui me parlent comme si je les avais écrites, comme celle-là, ou encore celle-là et celle-là... La musique m'apaise, me calme, me fait réfléchir, et parfois certains mots résonnent en moi plus que d'autres... Mais ce n'est pas le sujet de cet article (d'ailleurs quel est le sujet de cet article, je vous le demande. Rien du tout, si vous voulez mon avis).

Tout ça pour dire que le futur, je déteste ça. Je n'aime pas l'inconnu, je n'aime pas avancer les yeux bandés, vers un endroit que je ne connais pas. J'ai besoin de prévoir pour me sentir en sécurité, de planifier, d'être sûre de tout. Parce que si jamais je fais un faux pas et que je m'écrase sans prévenir, sans l'avoir vu venir, je ne sais pas qui me ramassera... Si ce n'est moi-même. Et ça me fait peur. Je voudrais pouvoir compter un peu moins sur moi, me donner un peu plus... Je sens parfois, à certains moments où je m'autorise à être vulnérable et fragile, que j'ai tant à donner depuis tant d'années, tant de choses que je ne sais pas si je pourrai un jour donner, ou un jour dire. Tant à partager et tant à apprendre, sans savoir si un jour l'occasion viendra. Alors, en attendant, je me fais confiance à moi-même, et je garde tout ça pour "un jour"... Sans savoir si "un jour" viendra. Si je pouvais entrevoir mon avenir, le ferais-je ? Si je pouvais prévoir le futur, le prévoierais-je ? Moi la maniaque du planning et de l'organisation, est-ce que je dévoilerais tout le mystère si j'en avais l'occasion ? Au risque de découvrir que rien de ce que j'espérais n'arriverait... De me rendre compte que tout ce temps passé à attendre on ne sait quoi, on ne sait qui, n'était en fait que du temps bel et bien perdu. Je voudrais bien sûr être soulagée, pouvoir me dire "Je savais bien que je n'avais pas fait tout ça pour rien ! Je savais qu'un jour la roue tournerait", savoir qu'un peu comme E.T. qu'un jour je vais rentrer sur ma planète, ou alors trouver un autre extraterrestre ici qui me fera dire que je suis bizarre, certes, mais pas toute seule.

Ou alors peut-être que j'enlèverais juste tout le mystère. Le chemin est-il aussi fascinant lorsqu'on sait où il nous mène ? Est-ce qu'on ne court pas après l'avenir, justement parce qu'on sait qu'on ne le rattrapera jamais ? Est-ce qu'au final, on ne veut pas toujours ce qu'on ne peut pas avoir et ce qui nous échappera toujours... En fin de compte l'être humain n'est qu'un animal comme les autres, qui a besoin de chasser pour vivre. Et si on y réfléchit bien, on chasse tous quelque chose. On a tous cette lumière au fond du tunnel, cet espoir, cette étincelle au bout du chemin, dans le brouillard, qu'on suit sans vraiment savoir pourquoi, sans vraiment savoir quoi faire d'autre aussi. Pour certains c'est le succès et la célébrité, pour d'autres l'argent, pour d'autres encore l'amour... We're born with millions of little lights shining in our hearts, comme dirait l'autre. Parfois il m'arrive de vouloir arrêter de courir, de vouloir juste me poser tranquille sur un coin de plage, au soleil, au calme... Vouloir prendre le temps, vouloir fermer les yeux et ne plus rien regarder. Ni le passé, ni l'avenir, vivre seulement pour le présent. Couper ce lien invisible qui me relie à cette petite lumière que je suis, même quand j'en ai assez, même quand je voudrais arrêter, même sans savoir ce qui se cache derrière la lueur. Mais qui sait si on pourrait encore avancer sans ce fil qui nous tire en avant... Alors je fais comme tout le monde. Je continue à suivre les lumières.


(Je n'ai aucune idée de comment cet article est devenu... ça. Ce n'est pas du tout ce que j'avais prévu. Comme quoi... En tout cas, il est là)



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