lundi 20 janvier 2014

Down from the Mountain


Hier soir je suis revenue de Grenoble, où j'ai passé chez le weekend chez ma plus vieille amie. Un merveilleux weekend avec deux amies chères, qui m'a beaucoup détendue et que j'attendais beaucoup. En partie parce que nous avions décidé depuis novembre que, ce weekend là, nous irions skier. Alors le ski et moi, c'est une très vieille et très bizarre histoire d'amour. La première fois que j'ai skié, j'étais en CM1 et je n'avais encore jamais mis les pieds sur des skis. L'école nous avait emmenés deux semaines en classe de neige et aujourd'hui encore je n'en garde que des souvenirs géniaux. Ensuite, je suis repartie deux semaines en 5ème avec le collège et là j'ai vraiment commencé à m'amuser. A 12 ans la certitude que j'étais nulle en sport et allais le rester tout au long de ma vie était déjà bien fermement ancrée en moi (comme quoi la vérité sort de la bouche des enfants), et j'avais déjà remarqué que ce n'était sûrement pas un hasard si je passais tous les cours de sport assise sur le banc et si j'étais toujours la dernière choisie pour former des équipes en sports collectifs - vous voyez la chanson Le Dernier Choix ? Eh ben elle a clairement été écrite pour moi. Toujours est-il que, bizarrement, sur des skis, j'étais géniale. Je crois que je ne suis absolument jamais tombée sur des skis, et j'ai fait des progrès si rapides que mon moniteur m'avait prise à part du groupe pour me faire passer la 2ème étoile alors que les autres passaient la 1ère (on a la classe ou on l'a pas).

Pour moi le ski a toujours représenté la liberté. Je me sens un peu maître du monde quand je skie et j'ai la ferme impression que rien ne pourra jamais m'ôter ça. Donc je tenais vraiment à aller skier, même si ça partait plutôt mal étant donné que le temps prévu pour samedi sur les pistes était exécrables. Jamais prête à baisser les bras, j'ai réussi à convaincre la troupe d'attendre de voir le lendemain matin et de partir au moins pour la demi-journée ; ce que nous avons fait, et à raison puisque samedi matin le soleil était radieux et les montagnes bien dégagées. Ne nous restait plus qu'à trouver une voiture, autant dire mission impossible puisque les amis avec lesquels nous devions partir avaient d'ores et déjà renoncé. Coûte que coûte, nous avons fini par trouver une navette pour Chamrousse et nous sommes préparées telles les tornades en dix minutes pour réussir à prendre le bus. Vous imaginez un peu le tableau, trois filles en combi de ski en train de traverser la ville en courant jusqu'à la gare, rouges comme des tomates et chargées comme des mulets, guidées par l'énergie du désespoir, la peur de louper le bus et la rage d'avoir dû faire tout ça dans la précipitation. Toujours est-il que nous avons fini par non seulement choper le bus, mais en plus récupérer un forfait gratuit pour la journée grâce à un gentil monsieur plein de bienveillance (et un sacré bol) et louer nos équipements de façon à être sur les pistes à 13h.

Une fois assise sur le téléski, je me suis détendue et là j'ai remarqué qu'on n'entendait pas Un. Seul. Bruit. Mais pas un. Je ne saurais dire quand, pour la dernière fois, j'ai été entourée par un tel silence. Une telle quiétude. J'ai été frappée, charmée, conquise par l'immensité du paysage, la froideur de la neige qui pourtant couvre tout d'un manteau si doux que je ne parviens pas à trouver cela... froid. Tout est si beau, si calme... Et ça m'avait tellement manqué. J'ai beau aimer le soleil plus que tout, la neige a quelque chose de magique que rien ne peut remplacer. Comment le monde peut-il continuer à être si moche et dur quand il revêt son manteau blanc, qui cache toutes les peines, toutes les déchirures, tous les mensonges, toutes les trahisons, tous les désespoirs ? La neige parvient à panser mes blessures d'une manière unique. Et là-haut, au sommet des pistes, le soleil dans les yeux, le vent dans les cheveux, et rien que de la neige et du silence autour de moi, j'ai retrouvé une paix intérieure que j'avais depuis longtemps perdue. Et soudain tous mes petits problèmes du quotidien, mesurés à la grandeur de la montagne, m'ont paru ridiculement insignifiants. Soudain plus rien n'existait. Plus de questions en boucle tournant dans ma tête. Plus de regards en coin sur mon portable en attendant qu'il sonne. Plus d'idées noires et d'angoisses. Tout avait disparu. Tout était doux et paisible... Durant une demi-journée, quelques heures seulement au final, je me suis à nouveau sentie bien. Pure. Vide. Dans le bon sens du terme, pour changer. J'ai réussi à prendre du recul et à voir, pour changer... La vie en blanc.

J'aurais voulu conserver cette quiétude de retour dans l'agitation de la ville. J'aurais voulu préserver ce coin de neige dans mon coeur, et peut-être ai-je réussi à en garder une poignée quelque part, là, au fond, pour quand j'en aurai le plus besoin. Mais je n'ai pas totalement réussi. Une fois redescendue, la vie a repris le pas et tout a continué comme d'habitude. J'ai fini par me dire aujourd'hui qu'à quoi bon courir après un idéal qui n'existe peut-être pas, si même lorsque nous l'avons trouvé ça ne suffit pas toujours ? Parfois il faut tout recommencer depuis le début, encore et encore, jusqu'à trouver un chemin qui s'avère ne pas être une impasse. J'ai cru pouvoir oublier un idéal en en dessinant un autre... Je me suis trompée. Peut-être qu'il faut avant tout guérir ses blessures soi-même, combler ses vides, tourner les pages qui doivent l'être et faire ses choix. Peut-être que c'est vrai, qu'il faut s'aimer avant de pouvoir prétendre être aimé. Peut-être que je vais finir par trouver quelqu'un qui me voudra pour moi, comme je suis moi, et avec qui ça marchera, pour changer. Comme quoi, les questions n'ont pas cessé... Mais je sais une chose : maintenant, quoiqu'il arrive, je saurai qu'il y a au moins un endroit sur Terre qui parvient à me calmer, qui m'aide à me vider la tête, et où je peux me sentir juste bien. Et croyez-le ou non, mais cette certitude aide beaucoup.

Merci les filles <3




2 commentaires:

  1. Léa, seule sur son téléski parce qu'elle est restée coincée derrière la barrière ^^

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