mercredi 22 août 2012

So BFF-han !


Contrairement à ce que pensent la plupart des gens, l'amitié n'est pas facile. Pour des raisons plus ou moins bonnes, causes à effet et autres motifs personnels, j'ai toujours eu du mal à me lier aux gens. J'ai toujours voulu plaire au plus grand nombre : je suis devenu un garçon manqué pour pouvoir traîner avec les garçons, j'ai acheté les mêmes lunettes que ma meilleure amie de primaire pour être comme elle (ça c'était avant qu'elle me pique mon chéri et que je ruine sa coupe en lui fichant du chewing-gum dans la chevelure), j'ai respecté à la lettre les règles et codes de la communauté gay lorsque je sortais avec des filles pour m'y intégrer au mieux, en bref j'ai toujours été une sorte de caméléon. Je faisais ce qu'on attendait de moi, pour être aimée, regardée, pour qu'on s'attache à moi. Étrangement ça n'a jamais bien marché, je n'ai jamais fait partie d'une bande de potes, je n'ai jamais eu plus d'amis que de doigts sur la main pour les compter. En général j'avais une meilleure amie, qui changeait au fil des années. Surtout au collège, en fait. Ma meilleure amie, Clémence, et moi, nous étions en mode "à la vie à la mort" : on faisait tout ensemble, tout pareil, on ne pouvait jamais nous séparer (malgré les tentatives de ses parents qui trouvaient que j'avais une "mauvaise influence". Je sais pas pourquoi, les parents ne m'ont jamais aimée.) Finalement, une fois au lycée, les histoires de coeur s'en sont chargées et on a fini par se perdre de vue. Il faut dire aussi que ma notion de "meilleur ami" se mélange un peu à celle de "conjoint", comme avec la première fille avec qui je suis sortie par exemple. Ou l'Exécrable. Ou Cornélius maintenant. Entre-temps il y en a eu d'autres : Val, Solène en terminale (et encore maintenant d'ailleurs, c'est toujours les gens dont on ne soupçonnait jamais la valeur à première vue qu'on se retrouve le plus proche, vous avez remarqué ? Ce qui explique qu'on ne se parlait même pas au collège, Solène et moi, et qu'on se retrouve à présent très liées), Marine en prépa...

Mais il est toujours des gens qui restent. Des Best Friend Forever. Des soeurs de sang, amies pour la vie, jumelles et j'en passe. A qui on confierait sa vie sans sourciller, avec qui on fait des super projets de voyages, de vacances, de colocations et de chemins tout tracés l'une à côté de l'autre, persuadée que cette amitié là, c'est pour la vie. Parfois on a raison. Et souvent - dans mon cas, vous avez remarqué je pense, j'ai un peu la poisse - on a tort. Cléo était de celles-là. On se connaissait depuis le collège, et dès la première conversation on a tout de suite accroché. On se ressemblait tellement, c'était incroyable. On était jumelles. Dès ce moment la SNCF est devenue notre sponsor ou presque : à chaque période de vacances l'une venait voir l'autre et vice-versa, et cela pendant des années et des années. On n'avait aucun secret, on se disait tout, tout ce qu'on ne pouvait dire à personne d'autre. On a pleuré dans les bras l'une de l'autre, mais surtout énormément rit. On a aimé, fait confiance, on s'est regardées grandir, main dans la main...

Et s'éloigner. De manière imperceptible, au début. Les emplois du temps sont devenus plus chargés, les amis plus nombreux, les sorties ont remplacé les conversations MSN. Puis la séparation : je suis partie en Angleterre, et même si en principe ça ne devait rien changer (après tout nous avions toujours eu 500 km entre nous), tout a changé. Plus de sms, beaucoup moins de conversations, les concours s'enchaînaient au même rythme que les complications, les malentendus, les non-dits, les frustrations. Presque comme deux personnes en couple qui ne savent plus ce qu'elles font ensemble. Le jour où elle m'a annoncé sa relation avec l'Exécrable, tout a changé. Je ne vais pas commencer une polémique sur "est-ce mal de sortir avec l'ex de sa meilleure amie ou suis-je une psychopathe ?", j'ai déjà tourné, retourné et reretourné la situation dans tous les sens et je n'en ai plus envie. C'est bien ça le problème, l'envie : elle n'a plus envie de faire des efforts, considérant qu'une amitié ne demande pas d'efforts. Je ne suis pas d'accord. Les relations ne sont jamais faites d'acier, qui subsiste à travers le temps et les âges même si personne ne l'entretient pendant des siècles. L'amitié aussi ça s'entretient, se nourrit de confiance, de mots, d'échange, de marques de confiance, de réciprocité. Comme en amour, en amitié la non-réciprocité ne donne rien de bon. On se fatigue vite d'être toujours celui qui appelle, qui propose de se voir, qui fixe les rendez-vous, qui attend toujours des nouvelles en vain, doit relancer encore et encore pour une simple soirée pizza-télé ou ciné... Vite, l'envie s'essouffle.

J'ai essayé. Longtemps, bien trop longtemps, fermant les yeux devant les messages sans réponse, les mails envoyés dans le vide, les promesses qui tiennent deux jours... "Promis on se donnera des nouvelles." "Promis on fera toutes les deux des efforts." "Promis on ne laissera aucun mec nous séparer." Rien ne peut se bâtir sur des promesses vides. Après tant de proximité, de complicité, un mail après deux mois d'absence a suffit à nous séparer. A me montrer que moi aussi je devais tourner la page, que moi aussi je devais lâcher prise, et surtout, le plus douloureux : que je ne pouvais plus lui faire confiance, que je ne pouvais plus compter sur elle. J'ai hésité à en parler pendant très longtemps tant cette constatation était amère, à me tirer des larmes et des noeuds d'angoisse dans la gorge. Mais en y repensant, j'ai eu des mois pour m'y préparer. Peut-être même une année entière. Qui aurais-je appelé il y a un an en cas de problème ? Cléo, sans aucun doute. Qui appellerais-je aujourd'hui ? Sûrement pas elle.

Probablement Hély à vrai dire, une amie toute aussi vieille, peut-être moins proche mais qui elle a toujours été là, et est encore là (même assise sur mon canapé à l'heure où je vous parle, pour vous dire). On a eu des hauts et des bas, comme dans toute relation, amicale ou non. Il y a eu des périodes de creux où on ne se parlait presque plus, des périodes où nous nous parlions tous les jours, des imprévus, des complications, des malentendus, comme partout. Mais une si longue amitié, ça laisse toujours des traces, et aujourd'hui je lui confierais ma vie les yeux fermés. Ensemble on passe aux confessions, aux aveux, on pleure parfois mais on rit bien plus souvent. On fait des projets, on pique des crises, on délire complètement parfois.
Il y a très longtemps, je devais avoir quatorze-quinze ans, j'ai lu ce livre où deux meilleures amies allaient ensemble se faire piercer le nombril, et allez savoir pourquoi, j'ai trouvé ça génial. La preuve ultiiiiime de l'amitié, quoi, vous vous rendez compte, un piercing au nombril ensemble ! Cette idée ne m'a au fond jamais quittée, même si en grandissant je me suis rendue compte que c'était un peu stupide. Et il n'y avait définitivement qu'Hély à qui j'aurais pu dire "Eh, on va se faire piercer le nombril ?" et qui m'aurait invariablement répondu "Oh ouais trooooop !" Alors voilà : BFF, soeurs de nombril, bestaaaaaaaaaah-han, appelez-ça comme vous voulez, en tout cas, moi je trouve que ça déchire tout.

(Photo prise juste après le piercing en rat chez Sephora ;
vous saviez qu'on a pas le droit de prendre de photos chez Sephora, mais genre
même des photos pas des produits mais de soi hein, nan, interdit - nous a dit le vigile)  

Il y a des amitiés qui cassent, des gens qu'on perd de vue, mais un nombril... ça, c'est un témoin qui reste pour toute la vie. Et même qu'à trente ans si on est toujours célibataires on se marie U.u
Tout ça pour lui dire : je t'aime ma Hély <3

Et ce soir, c'est shoppiiiiiiing !

Ndlr :  Si Hély vous semble déjà sympathique, faites un tour sur son blog tout beau tout neuf et vos impressions seront confirmées (surtout que c'est moi qui ai fait le design, valeur sûre ! Mouhahaha)

Ndlr 2 : Si vous êtes arrivés au bout de cet article, félicitations. Disons que c'est pour compenser mon absence non moins justifiée d'hier, puisque figurez-vous qu'à 15h tout le bâtiment a été victime d'une coupure d'électricité. Résultat, après deux heures d'attentes on a fini par être congédiés et j'ai pu aller chez le pierceur plus tôt... Et même passer au Starbucks avant ! Et aller chercher des pizzas et de la glace après ! Un mardi parfait vous dis-je (mais sans article du coup. Sorry dear lecteur).


3 commentaires:

  1. Tu es top, ma choute :') Merci pour l'article, il m'a donné une petite larme à l'oeil, c'est fou.

    Quant au caméléon, je te rassure, moi aussi, j'ai été pareille. J'suis passée par le garçon manqué, la fille méga féminine, le coup des lunettes, des chaussures, du gothisme à la fan du rap, bref, la totale (mais j'ai jamais été fan de rap, mon honneur est sauf). Mais finalement, aujourd'hui, t'as bien remarqué, je ressemble plus à grand chose... MDR.

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  2. j'aime ton article cocotte ;-)
    et je t'aime aussi!!! =D

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  3. Moi aussi je vous aime toutes les deux mes chéries =)

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